Publié le 12 avril 2024

Ajouter un étage sur une structure centenaire n’est pas un projet de construction, mais une intervention chirurgicale sur le squelette de votre bâtiment, où le véritable enjeu se situe dans les fondations existantes.

  • Les points de défaillance potentiels se trouvent rarement dans les nouvelles poutres, mais plutôt dans les points d’appui et la capacité portante des fondations d’origine.
  • Le choix entre l’acier et le bois d’ingénierie (LVL) est souvent dicté par la logistique d’accès au chantier, une contrainte majeure dans les quartiers denses de Montréal.

Recommandation : L’intervention d’un ingénieur en structure dès la phase d’idéation est non négociable pour valider la faisabilité du projet et éviter des surcoûts exponentiels liés à des découvertes tardives.

Le projet d’ajouter un étage à une maison centenaire de Montréal est une aspiration légitime. C’est l’envie de marier le cachet de l’ancien à l’espace du moderne. Pourtant, derrière ce rêve se cache une question fondamentale qui taraude tout propriétaire avisé : la structure d’origine, souvent composée de solives en pruche ou en épinette et reposant sur des fondations en moellons, pourra-t-elle supporter cette nouvelle charge ? Beaucoup pensent qu’il suffit d’ajouter des poutres ou de choisir le matériau le plus robuste. Cette approche est non seulement simpliste, mais dangereusement incorrecte.

L’enjeu n’est pas une simple addition de matériaux, mais une analyse systémique de la descente des charges. Chaque kilogramme ajouté au sommet doit trouver un chemin sécuritaire jusqu’au sol, en traversant des éléments qui n’ont pas été conçus pour cela il y a un siècle. Le véritable défi n’est pas de construire le nouvel étage, mais de comprendre et de renforcer la chaîne de support existante. Oublier ce principe est la porte ouverte à des désordres structuraux graves, allant du simple fléchissement à des risques d’effondrement. L’intervention ne peut être qu’une démarche chirurgicale, guidée par une expertise technique pointue.

Cet article n’est pas un guide de construction. Il propose de décortiquer le raisonnement d’un ingénieur en structure face à ce type de mandat. Nous analyserons les points de vigilance critiques, depuis les charges ponctuelles jusqu’aux obligations réglementaires spécifiques au Québec, pour vous permettre d’aborder votre projet avec la rigueur et la lucidité nécessaires pour en assurer la pérennité et la sécurité.

Pour naviguer à travers les aspects techniques et réglementaires de ce type de projet, nous aborderons les points essentiels dans un ordre logique. Le sommaire suivant vous guidera à travers les étapes du raisonnement d’un ingénieur.

Pourquoi l’ajout d’un bain tourbillon nécessite-t-il souvent un renforcement des solives ?

Un bain tourbillon, même de taille standard, représente une charge ponctuelle massive pour laquelle une structure de plancher centenaire n’est absolument pas conçue. Une fois rempli et occupé, son poids peut facilement excéder 1 500 à 2 000 kg (environ 3 300 à 4 400 livres), concentrés sur une surface de quelques mètres carrés seulement. Cette charge vive extrême dépasse de loin les capacités nominales des solives en bois massif d’époque, créant un risque tangible de fléchissement excessif, de fissuration des plafonds inférieurs, voire de rupture à long terme.

La validation par un ingénieur est donc une étape incontournable. Le processus implique plusieurs vérifications techniques critiques. D’abord, un calcul précis de la charge totale doit être effectué. Ensuite, l’ingénieur évalue la capacité portante réelle des solives existantes (section, espacement, essence de bois, état de conservation). Dans la quasi-totalité des cas sur un bâti ancien, un renforcement s’avère nécessaire. Plusieurs techniques peuvent être employées, comme le jumelage des solives existantes avec de nouvelles solives ou, plus efficacement, l’installation de renforts latéraux en bois lamellé-collé (LVL) ou en profilés d’acier.

Un projet récent de refonte d’une maison centenaire à Montréal illustre bien ce point. L’installation d’une nouvelle baignoire autoportante, bien que moins lourde qu’un bain tourbillon, a nécessité une analyse et un renforcement de la structure du plancher pour garantir la sécurité et la durabilité de l’installation. Il est également crucial de ne pas oublier la descente de charge : cette nouvelle charge concentrée doit être supportée jusqu’aux fondations. Il est donc fréquent de devoir ajouter des semelles de répartition en béton au sous-sol pour éviter le poinçonnement de la dalle existante. Dans le contexte de la construction résidentielle québécoise, où les rénovations représentent une part significative des dépenses, ignorer ces principes est une erreur coûteuse. En effet, en 2023, 59,6% des dépenses en construction résidentielle au Québec étaient consacrées aux rénovations, soulignant l’importance de réaliser ces travaux dans les règles de l’art.

Comment les ancrages structuraux empêchent-ils le ventre-de-boeuf de s’aggraver ?

Le « ventre-de-bœuf » est une déformation caractéristique des murs de maçonnerie, fréquente sur les façades des plex montréalais. Ce bombement vers l’extérieur est le symptôme d’une désolidarisation entre le mur de briques extérieur et la structure de bois interne du bâtiment. Les ancrages structuraux sont la solution technique pour stopper cette progression et stabiliser le mur. Ils agissent en recréant un lien mécanique solide entre ces deux éléments, empêchant ainsi la déformation de s’aggraver sous l’effet du gel, du dégel et des charges du bâtiment.

Ces ancrages fonctionnent selon deux principes : actif ou passif. Un système actif, souvent composé de longues tiges filetées traversant le bâtiment, est mis sous tension pour tirer activement le mur de maçonnerie vers sa position d’origine. Un système passif, quant à lui, est conçu pour simplement bloquer tout mouvement futur sans appliquer de tension initiale. Le choix entre les deux dépend de l’ampleur de la déformation, du type de structure et de la nature du sol, notamment les sols argileux très présents à Montréal.

L’image ci-dessous montre un ancrage typique, souvent visible sur les bâtiments patrimoniaux, qui joue ce rôle crucial de stabilisation.

Détail macro d'un ancrage à plaque étoile sur un mur de brique centenaire

Le tableau suivant, basé sur les pratiques courantes dans la rénovation à Montréal, compare les deux approches pour aider à la prise de décision. Il met en lumière des différences significatives en termes de coût, d’efficacité et de mise en œuvre, qui doivent être analysées par un ingénieur.

Comparaison des systèmes d’ancrage actif versus passif
Critère Ancrage Actif Ancrage Passif
Principe Tire le mur vers l’arrière Empêche le mouvement
Coût installation 15 000 $ – 25 000 $ 8 000 $ – 15 000 $
Efficacité sol argileux Très élevée Modérée
Impact visuel Minimal avec plaques étoiles Variable
Durée travaux 2-3 semaines 1-2 semaines

Acier ou bois d’ingénierie (LVL) : quel matériau pour une longue portée ?

Pour franchir une longue portée, comme lors de la création d’une aire ouverte de 20 pieds, l’acier et le bois d’ingénierie (LVL, pour Laminated Veneer Lumber) sont les deux options techniques viables. D’un point de vue purement mécanique, une poutre d’acier (poutre en « I » ou HSS) offre une rigidité et une capacité de charge supérieures pour une hauteur de section donnée. Cependant, dans le contexte d’une rénovation majeure d’un bâtiment centenaire à Montréal, le choix est rarement dicté par la seule performance brute. La compatibilité structurale et surtout la logistique de mise en œuvre deviennent les facteurs décisifs.

Le LVL présente des avantages logistiques majeurs. Il est plus léger que l’acier et peut être livré en sections manuportables, puis assemblé sur place. C’est un atout crucial pour les chantiers en milieu urbain dense, comme les ruelles étroites du Plateau Mont-Royal, où l’accès d’une grue pour manipuler une poutre d’acier de 20 pieds est souvent impossible ou prohibitivement cher. Comme le souligne une étude de cas de Construction K2 à Montréal, le LVL est souvent privilégié pour cette raison dans les projets de rénovation de triplex. De plus, sa nature à base de bois assure une meilleure compatibilité de comportement (dilatation, flexion) avec la structure existante.

Sa légèreté permet de modifier l’architecture existante sans devoir renforcer les fondations, on peut facilement rajouter un plancher, une cloison, aménager les combles.

– Isabelle Gavard-Gongallud, Architecte interviewée par Bois.com

L’acier reste indispensable lorsque les charges sont extrêmes ou que la hauteur disponible pour la poutre est très limitée. Toutefois, son poids implique presque toujours un renforcement des points d’appui (colonnes) et une vérification, voire une reprise, des fondations en dessous. Le choix n’est donc pas « acier contre bois », mais plutôt une analyse coût-bénéfice-risque menée par un ingénieur qui intègre calculs de charge, contraintes d’accès et impact sur la structure existante. Dans un marché de la rénovation dynamique, comme le montrent les prévisions de l’APCHQ pour le marché de la rénovation de 17,5 milliards de dollars en 2024, prendre la bonne décision matérielle dès le départ est essentiel.

L’erreur d’étaiement qui met en péril la sécurité du chantier

Lors du retrait d’un mur porteur ou d’une intervention sur la structure, l’étaiement temporaire est une phase critique dont la moindre erreur peut avoir des conséquences catastrophiques. L’erreur la plus commune et la plus dangereuse est la sous-estimation de la zone de reprise des charges. Un entrepreneur non qualifié pourrait se contenter de placer quelques étais juste sous la poutre à soutenir, sans analyser comment les charges se distribuent dans les étages inférieurs. Cela crée des points de concentration de charge extrêmes sur des solives ou des dalles non prévues à cet effet, menant à des fissurations, des affaissements, ou un effondrement.

Au Québec, la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail) applique une politique de tolérance zéro sur ces aspects. Pour toute intervention complexe, et obligatoirement pour des excavations de plus de 6 mètres, les plans d’étaiement doivent être conçus et scellés par un ingénieur. Ces plans ne se contentent pas de spécifier le type d’étais, mais détaillent leur emplacement, leur espacement, et surtout les semelles de répartition nécessaires pour distribuer la charge uniformément jusqu’à une fondation stable.

Le non-respect de ces normes entraîne l’arrêt immédiat du chantier et expose le propriétaire et l’entrepreneur à des poursuites. La sécurité ne tolère aucune approximation, et le protocole doit être suivi à la lettre.

Plan d’action : Votre checklist de sécurité pour l’étaiement selon la CNESST

  1. Distances de sécurité : Maintenir impérativement tout matériau, déblai ou équipement à plus de 1,2 mètre du bord de toute excavation.
  2. Exclusion des véhicules : Interdire formellement le stationnement ou la circulation de tout véhicule ou machinerie lourde à moins de 3 mètres des parois d’une excavation non étançonnée.
  3. Validation par ingénieur : Pour toute excavation de plus de 6 mètres ou pour tout étaiement complexe, obtenir et suivre des plans d’étaiement détaillés et scellés par un ingénieur membre de l’OIQ avant le début des travaux.
  4. Semelles de répartition : Utiliser systématiquement des semelles de répartition (madriers, plaques d’acier) sous les poteaux d’étaiement, surtout sur des sols meubles ou des dalles dont la capacité est inconnue, pour éviter le poinçonnement.
  5. Vérification des infrastructures : Contacter Info-Excavation pour localiser toutes les infrastructures souterraines (gaz, électricité, télécom) avant de commencer le moindre coup de pelle.

Ces mesures, tirées des directives de la CNESST pour les travaux d’excavation et d’étançonnement, ne sont pas des suggestions mais des obligations légales qui assurent la sécurité de tous.

Quand est-il obligatoire de mettre la structure aux normes sismiques actuelles ?

La mise aux normes sismiques actuelles du Code National du Bâtiment (CNB) devient obligatoire dès lors qu’une intervention est considérée comme une modification structurale fondamentale. L’ajout d’un étage complet tombe sans équivoque dans cette catégorie. La « clause grand-père », qui permet à un bâtiment existant de conserver sa conformité aux normes de son époque de construction, est annulée par une telle transformation. L’ensemble du bâtiment, et pas seulement le nouvel ajout, doit alors être réévalué et potentiellement renforcé pour répondre aux exigences sismiques en vigueur.

L’ajout d’un étage est une modification fondamentale qui ‘réinitialise’ les obligations de conformité au code actuel.

– Expert non identifié, Guide sur les normes sismiques du Code National du Bâtiment

Cette obligation s’explique par le fait que l’ajout de masse en hauteur modifie radicalement le comportement dynamique du bâtiment en cas de secousse sismique. Le centre de gravité est rehaussé, et les forces latérales générées par un tremblement de terre sont amplifiées. Un ingénieur doit donc analyser la capacité de la structure existante à résister à ces nouvelles sollicitations. Cela implique souvent l’ajout d’éléments de contreventement, le renforcement des connexions entre les planchers et les murs, et une attention particulière à l’ancrage de la structure aux fondations.

Vue d'ensemble d'une structure de bois centenaire avec renforts métalliques pour mise aux normes sismiques

Bien que Montréal soit dans une zone à risque sismique modéré, les normes du CNB sont conçues pour assurer la sécurité des occupants et prévenir l’effondrement. Le renforcement peut impliquer l’installation de cadres rigides en acier, de murs de refend en panneaux de bois structuraux (OSB ou contreplaqué) ou de nouvelles fixations métalliques, comme visible sur l’illustration ci-dessus. Ignorer cette exigence n’est pas seulement illégal, c’est mettre en jeu la sécurité de l’édifice et de ses occupants.

Comment installer une poutre d’acier pour créer une aire ouverte de 20 pieds ?

L’installation d’une poutre d’acier pour créer une ouverture de 20 pieds (environ 6 mètres) est avant tout un exercice de maîtrise de la descente des charges. La poutre elle-même est rarement le problème ; sa dimension sera calculée par l’ingénieur pour supporter les charges des étages supérieurs avec une déflexion minimale. Le véritable défi technique réside dans la création des points d’appui à chaque extrémité de cette poutre. Ces appuis doivent être capables de recevoir une charge concentrée extrêmement élevée et de la transmettre de manière sécuritaire jusqu’aux fondations du bâtiment.

Imaginons un scénario typique dans un duplex montréalais. La nouvelle poutre doit supporter le plancher de l’étage supérieur, les cloisons, le mobilier, les occupants et potentiellement une partie de la toiture. La charge totale reportée sur chaque point d’appui peut facilement atteindre 5 000 à 10 000 kg (11 000 à 22 000 livres). Il est impensable de faire reposer une telle charge directement sur la structure de bois existante. L’ingénieur concevra donc des colonnes de reprise, soit en acier, soit en bois d’ingénierie, positionnées directement sous les extrémités de la poutre.

Ces colonnes ne sont que le premier maillon de la chaîne. Elles doivent elles-mêmes reposer sur une base solide. Si elles aboutissent sur une dalle de béton au sous-sol, il sera nécessaire de scier la dalle et de couler une semelle de répartition en béton armé (un « footing ») sous chaque colonne. Cette semelle, beaucoup plus large que la colonne, distribue la charge concentrée sur une plus grande surface du sol, évitant ainsi le risque de poinçonnement, c’est-à-dire l’enfoncement de la colonne à travers le sol ou la dalle. La vérification de la capacité portante du sol sous-jacent est donc une étape clé de l’analyse de l’ingénieur.

Pour une fondation solide à votre projet, comprendre la physique de la descente des charges est fondamental.

Pourquoi un technologue ne suffit-il pas toujours pour des plans de rénovation majeure ?

Dans le cadre d’un projet de rénovation majeure impliquant un ajout d’étage, un technologue professionnel ne suffit pas car la loi québécoise est formelle : toute modification affectant la structure principale d’un bâtiment est un acte réservé aux ingénieurs. Le champ de pratique est clairement délimité par l’Ordre des Ingénieurs du Québec (OIQ) pour protéger le public. Un technologue, membre de l’Ordre des technologues professionnels du Québec (OTPQ), est hautement compétent pour concevoir des aménagements intérieurs non porteurs, des rénovations de cuisine ou de salle de bain, mais il n’a pas l’autorité légale ni l’assurance responsabilité requise pour sceller des plans qui modifient le squelette d’un bâtiment.

L’ajout d’un étage est l’archétype de la modification structurale majeure. L’intervention d’un ingénieur est donc non seulement recommandée, mais légalement obligatoire. C’est lui qui effectuera les calculs de charge, déterminera les renforcements nécessaires, concevra les nouvelles poutres et colonnes, et apposera son sceau sur les plans. Ce sceau est la garantie que la conception respecte le Code National du Bâtiment et que l’ingénieur engage sa responsabilité professionnelle. Sans ce sceau, aucun permis de construire ne sera délivré par la municipalité pour ce type de travaux.

Le tableau suivant clarifie les compétences et les limites de chaque profession pour des projets résidentiels, un point crucial alors que le Québec anticipe une forte croissance du secteur, avec 50 000 mises en chantier prévues en 2025 (+14%) d’après l’APCHQ.

Compétences technologue vs ingénieur selon l’OIQ
Aspect Technologue (OTPQ) Ingénieur (OIQ)
Modifications structurales majeures Non autorisé Autorisé avec sceau
Ajout d’étage Non autorisé Obligatoire
Aménagement non-porteur Autorisé Autorisé
Assurance responsabilité Limitée Complète
Coût moyen plans résidentiels 2 000 $ – 5 000 $ 5 000 $ – 15 000 $

Choisir un technologue pour économiser sur les frais de plans pour un ajout d’étage est une erreur qui conduira inévitablement à un blocage lors de la demande de permis, et surtout, qui contourne les mécanismes de protection et de sécurité mis en place pour le public.

Pour éviter toute confusion, relire les distinctions légales et pratiques entre ces deux professions est crucial avant d’engager un professionnel.

L’essentiel à retenir

  • Toute surélévation exige une analyse complète de la descente des charges, depuis la nouvelle toiture jusqu’aux fondations en moellons.
  • La compétence légale pour valider des modifications structurales majeures au Québec est exclusivement réservée aux ingénieurs membres de l’OIQ.
  • Les contraintes logistiques et administratives à Montréal (accès, permis de ruelle, mitoyenneté) sont aussi critiques que les calculs structuraux.

Comment installer une poutre d’acier pour créer une aire ouverte de 20 pieds ?

Au-delà des calculs de structure, l’installation d’une poutre d’acier de 20 pieds dans un bâtiment existant à Montréal est avant tout un défi logistique et administratif majeur. Ces contraintes pratiques dictent souvent la faisabilité du projet autant, sinon plus, que les considérations purement techniques. Le premier obstacle est souvent l’accès au chantier. Une poutre d’acier de cette longueur et de ce poids ne peut être manipulée manuellement ; elle requiert une grue. Or, dans les quartiers denses comme le Plateau Mont-Royal ou Villeray, les ruelles sont étroites et l’espace de manœuvre est quasi inexistant.

Cela déclenche une cascade de démarches administratives. Il faut obtenir un permis d’occupation de la ruelle auprès de l’arrondissement, une procédure qui peut prendre de 4 à 6 semaines. Cette occupation implique une fermeture temporaire, qui doit être coordonnée avec le voisinage. Si la poutre doit prendre appui sur un mur mitoyen, une situation fréquente dans les duplex et triplex, une simple permission verbale du voisin est insuffisante. Il est impératif de faire rédiger et enregistrer une convention d’empiètement notariée pour pérenniser le droit d’appui et éviter des litiges futurs.

L’installation elle-même est une opération chirurgicale. Comme le souligne l’expertise de firmes spécialisées comme Construction K2, qui intervient sur de nombreux projets complexes à Montréal, la chaîne de charge doit être validée de bout en bout. La coordination de la livraison par grue, l’étaiement sécuritaire de la structure existante et la mise en place précise de la poutre doivent être planifiés à la minute près. Enfin, l’ingénieur devra prévoir des joints de contrôle adéquats pour gérer la dilatation différentielle entre l’acier et la structure de bois, un détail technique essentiel pour éviter l’apparition de fissures à long terme. Bien que complexe, la réussite de ces travaux augmente significativement la valeur et l’agrément de la propriété.

Pour évaluer la faisabilité structurelle, logistique et réglementaire de votre projet et garantir sa conformité, l’étape suivante et non négociable consiste à mandater un ingénieur en structure pour une analyse préliminaire. C’est l’investissement le plus rentable pour assurer la pérennité et la sécurité de votre patrimoine.

Rédigé par Marc-André Fortin, Entrepreneur général certifié RBQ et spécialiste en gestion de projets de rénovation majeure à Montréal. 22 ans d'expérience dans la transformation de duplex et la consolidation structurelle.